GPT-5 et la thérapie : ce que cette nouvelle avancée de l’IA pourrait signifier pour notre pratique

Il n’a fallu que quelques jours après la sortie de GPT-5 par OpenAI pour que l’internet soit déjà rempli d’exemples surprenants, parfois même insolites, de ce que les gens réussissent à en faire. Du beatboxing à la conception de jeux, les premières démonstrations montrent à quel point ce modèle de nouvelle génération est puissant et polyvalent.

Mais au-delà de ces expériences ludiques, que signifie cette évolution pour nous, orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues et enseignants ? Les mêmes fonctionnalités qui permettent à GPT-5 de créer de la musique ou des jeux pourraient-elles également soutenir notre travail quotidien auprès des enfants et des familles ? Explorons quelques usages déjà évoqués et imaginons-les dans un contexte thérapeutique.


Musique, rythme et entraînement à la prosodie

Un exemple marquant concerne la capacité de GPT-5 à générer un rythme de beatbox. Cela peut sembler n’être qu’un divertissement créatif, mais les implications thérapeutiques sont réelles. La recherche montre que l’engagement musical et rythmique peut soutenir la prosodie, la fluidité et les compétences de communication sociale chez les enfants avec TSA ou trouble développemental du langage (Sharda et al., 2018). Imaginez pouvoir créer instantanément des pistes rythmiques adaptées à un enfant pour l’entraînement du rythme syllabique ou des schémas d’accentuation — GPT-5 rend cela possible.


Construction interactive et raisonnement spatial

Un autre utilisateur a conçu, avec GPT-5, un éditeur de construction procédurale permettant de déplacer, redimensionner et transformer des objets. En thérapie, des outils similaires pourraient renforcer les fonctions exécutives, la planification et les compétences de raisonnement spatial. Les enfants avec TDAH, par exemple, bénéficient souvent d’activités structurées et manipulatives qui stimulent la mémoire de travail et les capacités de séquençage (Diamond, 2013). Plutôt que d’utiliser des fiches statiques, les thérapeutes pourraient proposer des tâches interactives, pilotées par l’IA, qui s’adaptent en temps réel aux réponses de l’enfant.


Transparence et confiance envers l’IA

Un progrès majeur réside dans la meilleure gestion de l’incertitude par GPT-5. Contrairement aux modèles précédents, il reconnaît plus ouvertement lorsqu’il ne connaît pas une réponse, réduisant ainsi les « hallucinations ». Pour nous, cela améliore la fiabilité de l’IA comme soutien à la prise de décision clinique, à la communication avec les parents ou même à la recherche académique. La confiance est essentielle — et GPT-5 va dans la bonne direction.


Gamification et motivation

Des jeux complets, allant des « goblin shooters » à des clones de Pokémon, sont déjà générés par GPT-5. Cela peut sembler anecdotique, mais la gamification est un levier puissant en thérapie. Les études montrent que les jeux numériques peuvent améliorer de manière significative l’engagement et la motivation des enfants présentant un TSA, une dyslexie ou d’autres difficultés d’apprentissage (Whyte et al., 2015). Avec GPT-5, les thérapeutes pourraient créer en quelques minutes des jeux personnalisés — intégrant des cibles lexicales, des scénarios sociaux ou des questions de compréhension — le tout sous une forme ludique et motivante.


Entraînement cognitif et rééducation

Un autre constat frappant concerne la performance de GPT-5 en programmation compétitive, où il surpasse largement d’autres modèles d’IA. Or, la programmation n’est rien d’autre qu’un enchaînement de résolutions de problèmes — un pilier de nombreux programmes de rééducation cognitive pour adolescents et adultes avec atteintes neurologiques. La capacité de GPT-5 à générer des activités de résolution de problèmes structurées, mais stimulantes, pourrait être adaptée en thérapie pour travailler les fonctions exécutives, la mémoire de travail et la flexibilité cognitive.


Avancer avec prudence : opportunités et limites

Il est facile de s’enthousiasmer pour GPT-5, mais en tant que professionnels nous devons garder un équilibre entre enthousiasme et prudence :

  • Protection des données : les informations des patients ne doivent jamais être introduites directement dans l’IA sans garanties de sécurité.
  • Jugement professionnel : l’IA peut soutenir mais ne remplacera jamais l’expertise du thérapeute.
  • Équité : il faut veiller à ce que ces outils ne creusent pas davantage le fossé numérique pour les enfants disposant de moins de ressources.

Conclusion

Les premiers usages « insolites » de GPT-5 montrent que l’IA n’est plus seulement un outil de soutien en arrière-plan. Elle devient un véritable partenaire créatif — capable de générer musique, jeux, activités de résolution de problèmes et expériences interactives. Pour les thérapeutes et les éducateurs, cela ouvre la voie à des approches plus personnalisées, engageantes et adaptatives.

Notre défi est désormais de canaliser cette puissance de manière réfléchie, en l’ancrant dans la science, l’éthique et l’empathie. Si nous y parvenons, GPT-5 pourrait nous aider à réinventer la thérapie pour la prochaine génération.

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