L’IA peut-elle vraiment exercer votre métier ? (Selon OpenAI, elle s’en approche !)

L’intelligence artificielle (IA) n’est plus une simple promesse futuriste : elle redéfinit déjà la manière dont les professionnels de tous secteurs exercent leur métier. Des ingénieurs concevant du matériel minier aux infirmières rédigeant des plans de soins, l’IA est désormais évaluée face aux exigences concrètes des métiers. Une question audacieuse se pose : l’IA pourrait-elle faire votre travail ?

La dernière étude d’OpenAI ne se contente pas d’un simple « oui » ou « non ». Elle révèle une réalité bien plus nuancée : l’IA ne remplace pas encore les humains, mais, dans certains domaines, elle s’en approche de manière troublante. Pour nous, thérapeutes, cette évolution représente à la fois des opportunités passionnantes et des défis majeurs qu’il nous faut appréhender.


L’évaluation : mesurer l’IA face aux professionnels

Pour répondre à cette question, OpenAI a développé un nouveau cadre d’évaluation baptisé GDPval. Imaginez-le comme un « examen de compétences » pour les systèmes d’IA : au lieu de tester des connaissances théoriques, il évalue des tâches professionnelles réelles.

  • Plus de 1 300 tâches couvrant 44 métiers différents, conçues par des professionnels expérimentés (14 ans d’expérience en moyenne).
  • Métiers évalués, par exemple :
    • des avocats rédigeant des conclusions juridiques ;
    • des développeurs déboguant du code complexe ;
    • des responsables commerciaux établissant des prévisions de revenus ;
    • des infirmières élaborant des plans de soins détaillés.
  • Objectif principal : évaluer non seulement si l’IA peut accomplir des tâches, mais aussi dans quelle mesure ses performances pourraient contribuer à la productivité économique.

Les résultats : rapide, économique… et parfois impressionnante

L’étude révèle un paysage contrasté où les forces de l’IA côtoient des limites persistantes.

  • Vitesse et coût : l’IA accomplit en quelques minutes des tâches qui prennent plusieurs heures à un humain, et ce à un coût dérisoire. Cette efficacité systémique est potentiellement révolutionnaire.
  • Qualité du travail :
    • GPT-5 excelle dans les tâches nécessitant précision, calculs et logique formelle ;
    • Claude 4.1 se distingue par sa capacité à produire des documents bien structurés et présentés de manière professionnelle.
  • Limites majeures : l’IA peine avec des instructions nuancées, interprète parfois mal les consignes et peut « halluciner » — produire des informations erronées mais présentées avec assurance.

Lorsqu’on a soumis les productions de l’IA à l’évaluation d’experts humains, ces derniers ont globalement préféré les versions humaines. Pourtant, la combinaison « brouillon généré par l’IA + révision humaine » s’est avérée plus efficace que le travail en solo.


Ce que cela signifie pour les thérapeutes

Cette recherche a des implications directes pour notre domaine. L’IA peut déjà nous assister pour :

  • la documentation : rédaction de comptes rendus de séance, de plans de traitement et de bilans que nous pouvons ensuite affiner ;
  • la création de supports : génération de fiches thérapeutiques basiques, d’histoires sociales ou d’outils visuels que nous personnalisons pour chaque patient ;
  • les synthèses de recherche : analyse et résumé rapides de nouvelles études, pour nous aider à rester à jour avec les pratiques fondées sur les preuves sans passer des nuits à éplucher des revues scientifiques.

Mais voici le piège majeur : le travail de l’IA peut paraître impeccable en surface tout en contenant des erreurs subtiles ou des omissions. Le Harvard Business Review a d’ailleurs qualifié ce phénomène de « workslop » — du contenu qui semble professionnel mais qui est incomplet ou incorrect. Pour nous, thérapeutes, relayer du « workslop » non vérifié pourrait signifier :

  • des conseils inexacts aux familles ;
  • des protocoles thérapeutiques mal conçus ;
  • une atteinte à la confiance clinique.

C’est précisément là que notre expertise professionnelle devient plus cruciale que jamais.


Le rôle du thérapeute à l’ère de l’IA

Nous devons considérer l’IA comme un stagiaire brillant mais maladroit :

  • rapide, zélé et polyvalent ;
  • mais dépourvu de jugement clinique, d’empathie et de capacité à intégrer des facteurs humains complexes.

Cela signifie que notre rôle ne diminue pas : il évolue. Les thérapeutes qui sauront superviser, affiner et orienter les productions de l’IA pourront dégager plus de temps pour l’essentiel de notre métier :

  • construire des relations thérapeutiques ;
  • mettre en œuvre des interventions personnalisées ;
  • prendre des décisions cliniques éclairées.

Au lieu d’être submergés par la paperasserie, nous pourrons consacrer davantage d’énergie à :

  • l’accompagnement direct des patients ;
  • le coaching des familles ;
  • l’innovation dans nos pratiques thérapeutiques.

Perspectives d’avenir

Certains experts en IA prévoient qu’à l’horizon 2026, l’IA pourrait égaler les humains dans la plupart des tâches économiquement précieuses. Bien que cela puisse sembler alarmant, cela ne signifie pas que les thérapeutes disparaîtront du marché du travail. Cela veut plutôt dire que ceux qui apprendront à intégrer efficacement l’IA s’épanouiront, tandis que ceux qui résisteront pourraient avoir du mal à suivre.

Le message à retenir pour nous est clair :

  • l’IA n’est pas là pour supprimer les emplois en thérapie ;
  • elle est là pour transformer notre façon d’aborder notre travail ;
  • les thérapeutes qui réussiront seront ceux qui sauront utiliser l’IA comme un outil d’efficacité, et non comme un substitut aux compétences humaines.

Réflexion finale

En tant que thérapeutes, notre travail repose sur l’empathie, la créativité et une compréhension nuancée — des qualités qu’aucune IA ne peut reproduire. Mais l’IA peut nous libérer des tâches répétitives, nous donner un accès plus rapide aux ressources et nous aider à innover dans la prestation de services.

L’avenir de la thérapie n’est pas l’IA à notre place, mais l’IA à nos côtés. Et cette collaboration, si elle est utilisée avec sagesse, peut nous offrir plus de temps, plus d’outils et, en fin de compte, un impact plus grand pour les personnes que nous accompagnons.

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