
Les dernières années ont vu des débats spéculatifs sur l’IA en santé et en éducation. Aujourd’hui, avec les lancements récents, les publications académiques et les mises à jour de plateformes, l’IA n’est plus optionnelle — elle s’impose comme une composante des meilleures pratiques. Que vous soyez orthophoniste, ergothérapeute, kinésithérapeute/physiothérapeute, enseignant ou un peu de tout cela, comprendre ces évolutions est essentiel. Voici pourquoi l’intégration de l’IA n’est plus seulement intéressante, mais vitale — et comment s’y adapter.
Tendances clés qui placent l’IA au centre
- Rétroaction multimodale et capteurs
- Des travaux comme UTI‑LLM ( désigne un système d’IA qui combine l’Ultrasound Tongue Imaging (échographie de la langue) avec un grand modèle de langage pour analyser la parole et les mouvements linguales.) et des capteurs laryngés portables montrent que l’IA peut combiner plusieurs modalités (capteurs, audio, échographie).
- Résultat: les orthophonistes disposent d’un retour plus fin; les ergo/kinés peuvent suivre posture, mouvements et micro‑mouvements en temps réel.
- Thérapies hybrides et à distance pilotées par l’IA
- Des plateformes (p. ex. pour l’orthophonie ou la rééducation motrice) permettent de pratiquer hors cabinet avec guidage IA.
- Nées des contraintes pandémiques, elles sont désormais assez mûres pour soutenir la qualité des soins.
- Outils éducatifs pour la différenciation et la littératie IA
- Des suites comme Gemini for Education, Microsoft Copilot ou LogicBalls aident à adapter les contenus, générer des évaluations et soutenir des profils d’apprenants variés.
- L’enseignement de la “littératie IA” devient une compétence à part entière.
- Efficacité et allègement documentaire
- Capture de mouvement avec remplissage automatique des bilans, transcription, génération de notes: autant d’heures rendues aux cliniciens pour l’intervention directe et l’innovation.
- Régulation, attentes et demande des usagers
- Les clients/élèves attendent des options app‑assistées et hybrides.
- Pression croissante sur la confidentialité (données capteurs, voix, santé) et sur l’efficacité démontrée. Les professionnels non familiers de l’IA risquent de prendre du retard — autant pour choisir les bons outils que pour naviguer les enjeux éthiques/juridiques.
Ce que cela signifie selon les rôles
| Rôle | Implications de l’intégration de l’IA |
| Orthophonistes | Feedback articulatoire détaillé (p. ex. UTI‑LLM), capteurs laryngés portables, plateformes d’entraînement à domicile, réduction des tâches répétitives (suivi, devoirs). |
| Kinésithérapeutes et Ergothérapeutes | Capture/métriques de mouvement, monitoring à distance; guidage d’exercices avec rappels conversationnels; alignement des pratiques à domicile; sécurité et observance améliorées. |
| Enseignants | Adaptation de contenus en temps réel, feedback personnalisé, repérage plus précoce des élèves à risque, intégration de la littératie IA, réduction de la surcharge de préparation. |
| Administrateurs / Directions / Managers | Sélection/validation d’outils, intégration avec DME/ENT (Dossier Médical Électronique/ Environnement Numérique de Travail), formation des équipes, conformité privée/ Sécurité et Protection des Données (SDP), accessibilité et support. |
Défis et points de vigilance
- Précision et biais: performances moindres possibles selon dialectes/accents ou morphologies (Physiothérapeutes et Ergothérapeutes).
- Accès au matériel: échographes, systèmes de motion capture et capteurs peuvent être coûteux ou rares dans les contextes sous‑dotés.
- Conformité réglementaire et éthique: sécurité des données, consentement éclairé, gestion des erreurs de classification.
- Dimension humaine: l’empathie, l’observation clinique, la motivation, le toucher thérapeutique restent irremplaçables.
- Sur‑confiance: danger d’adopter sans évaluer ou d’accepter les sorties de l’IA sans regard critique.
Comment prendre de l’avance
- Piloter quelques outils directement pertinents (p. ex. feedback articulatoire, plateformes de télé‑rééducation, capture de mouvement) avec un petit groupe; mesurer rigoureusement les effets.
- Investir dans le développement professionnel: ateliers, webinaires, formations dédiées à l’IA dans votre discipline; veille régulière (articles, prépublications).
- Forger des partenariats: universités, laboratoires, éditeurs de technologies; équipes d’ortho/ergo/kiné collaborant avec des spécialistes IA pour co‑concevoir et tester.
- Plaider pour l’infrastructure et l’équité: financement matériel, connectivité, accessibilité multilingue et multiculturelle; s’assurer que les outils sont utilisables par des populations diverses.
- Élaborer des guides éthiques et de pratique adaptés à votre contexte: quand le feedback IA est acceptable, supervision des pratiques à distance, traçabilité et documentation de l’usage de l’IA.
Conclusion
L’IA n’est plus un horizon lointain. Des outils de feedback articulatoire, des capteurs intelligents, des plateformes de télé‑pratique et des suites éducatives majeures montrent qu’une intégration transversale est déjà en cours. Pour les thérapeutes et les enseignants, l’opportunité est immense: plus de précision, d’accès, d’efficacité et d’innovation. La responsabilité l’est tout autant: garantir la qualité, l’empathie et l’équité.
Au cours des prochaines années, vous aurez à décider où et dans quelle mesure l’IA s’insère dans votre travail. Restez informé, testez de façon mesurée et conservez une pratique centrée sur l’humain: c’est la meilleure voie pour des décisions éclairées — et des résultats durables.
